Justice-Espagne : Le Pharaon enlevait les enfants qui risquaient de lui disputer le pouvoir

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Franco, le sanglant caudillo que les Espagnols se refusent à juger, craignait que le marxisme soit héréditaire. Pour éviter la perpétuation du gène communiste, le généralissime avait emprunté la voie du Pharaon avec Moïse en montant une vaste opération d’enlèvement de bébés de parents communistes pour les confier à des familles qui correspondaient au bon profil fasciste de Franco. Il en a découlé un vaste trafic de bébés que l’Espagne tente de juger à travers le procès d’Eduardo Vela, ex-obstétricien de 85 ans soupçonné d’avoir été l’un des principaux acteurs d’un trafic qui a touché des milliers d’enfants

Dans ce procès, qui s’est ouvert le 4 décembre, Eduardo Vela est accusé par Inès Madrigal de l’avoir séparée de sa mère biologique Inès Pérez et d’avoir falsifié son acte de naissance en juin 1969. Eduardo Vela, qui a dirigé pendant 20 ans la clinique San Ramon de Madrid est soupçonné d’avoir été l’un des principaux acteurs d’un trafic qui aurait touché des milliers d’enfants retirés à leurs mères et adoptés par des couples stériles depuis la dictature de Franco.

Pire, ce trafic aurait eu lieu avec la complicité de l’Eglise catholique et les enfants enlevés à leurs mères auraient été placés dans des familles de préférence proches du régime « national catholique ».  

Le procès en question, reporté du fait de l’admission du principal accusé aux urgences, a donc repris mardi dernier. La mère adoptive d’Inès Madrigal (la plaignante), décédée depuis, avait raconté que le médecin lui avait proposé un bébé alors qu’elle ne pouvait pas avoir d’enfant. Eduardo Vela lui aurait demandé de simuler une grossesse pour la déclarer comme mère biologique du nouveau-né.

De son côté, le médecin avait avoué durant son instruction avoir signé « sans regarder » le dossier médical stipulant qu’il avait assisté à l’accouchement. Cependant, lors de la première audience, Vela se rétracte et affirme ne pas reconnaitre sa signature.

Par ailleurs, lors de la reprise du procès ce mardi, six témoins devaient comparaitre. Parmi eux, une journaliste française de France 2 qui avait enregistré une vidéo, en caméra cachée, dans laquelle le médecin avoue avoir « offert en cadeau » un bébé.

L’avocat d’Inès Madrigal a déclaré que cette journée pourrait être historique puisqu’elle pourrait déboucher sur un jugement qui considérerait les faits comme établis. « Jusqu’à présent nous n’avons que des accusations », a-t-il souligné. Il estime également que les juges pourraient prononcer la sentence d’ici un mois. Inès Madrigal, elle, espère que ce soit le dernier jour d’audience avant le prononcé de la sentence.

Un autre avocat, Enrique Vila Torres, estime que ce procès peut aider les victimes, moralement, et les pousser à porter leurs cas en justice. « Il ya des dizaines de médecins et de religieuses coupables dans toute l’Espagne encore en vie » mais malgré l’ampleur du scandale aucune des plus de 2000 plaintes déposées selon les associations n’a abouti, a-t-il déploré.

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