Japon: fans d'animé et artistes choqués par l'attaque d'un symbole des comics

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Fans d'animation, dessinateurs, artistes graphiques, tous ceux qui aiment ou c?toient le monde de l'animation, au Japon ou ailleurs, ont ?t? choqu?s et terrifi?s par l'incendie criminel qui a tu? jeudi des salari?s de Kyoto Animation, une entreprise adul?e.

"C'est tr?s choquant, c'est attristant. On ne s'attend pas ? ce que ce genre de chose arrive au Japon, pays jug? s?r", t?moigne le Fran?ais M?d?ric Theys, de passage dans le fameux quartier d'Ahihabara ? Tokyo.

Ce fan du dessin anim? "La M?lancolie de Haruhi Suzumiya", cr?? par Kyoto Animation, dit ?tre "reconnaissant pour le travail qu'ils ont fait".?

Kyoto Animation, n?e en 1981 gr?ce ? un couple, Hideaki et Yoko Hatta, a toujours cultiv? ses particularit?s, en s'installant en province ? Kyoto, et non dans la capitale, mais pas seulement.

"Alors que tant de soci?t?s du secteur font tourner des pigistes ? Tokyo, cette firme offre des emplois stables et une qualit? de production en constante progression", souligne pour l'AFP le professeur Ryusuke Hikawa de l'Universit? Meiji. Et d'estimer que cette initiative et l'image de marque qu'elle a ainsi cr??e a fait des ?mules, citant le studio P.A. Works ? Toyama (nord-ouest).

Entreprise f?minine

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Vingt-quatre heures se sont ?coul?es depuis le drame de jeudi, dans la ville de Kyoto, qui a fait 33 morts: un incendie, manifestement d'origine criminelle, dans lequel pr?s de la moiti? des jeunes professionnels de l'animation du studio 1 de Kyoto Animation ont p?ri, asphyxi?s ou br?l?s.

"Ce fut un ?norme choc, une immense tristesse, +KyoAni+ est une des plus importantes soci?t?s du secteur, quel chagrin", a t?moign? anonymement pour l'AFP un Japonais passionn? de personnages virtuels japonais, comme le confirme son t-shirt.

Les dessinateurs de manga, dont les oeuvres servent souvent de base aux animations, sont tout autant sid?r?s par la trag?die.

"Ces 33 vies ont fait un travail extraordinaire. Pourquoi on en arrive l?, pourquoi?", s'interroge Junichi Inoue, mangaka, auteur de "Chugoku yome nikki" (journal d'une ?pouse chinoise).

Lorsque l'information est tomb?e, certains ont pens? que ce pouvait ?tre un acte de vengeance d'un salari?, car les circonstances dans lesquelles triment les petites mains de l'animation sont r?put?es ex?crables.?

Mais le suspect, hospitalis? sous surveillance polici?re, bien qu'il ait apparemment prof?r? des accusations de "plagiat" envers Kyoto Animation, n'avait aucun lien avec la firme, laquelle a en outre bonne r?putation.

"Les conditions de travail dans ce studio ?taient apparemment tr?s bonnes, le personnel tr?s bien trait?", indique le sp?cialiste de l'animation Hikawa.

"Cette soci?t? ? l'origine effectuait des t?ches qui ?taient souvent confi?es ? des femmes dans le monde de l'animation, et peut-?tre de ce fait, la proportion de filles y restait aujourd'hui aussi importante", pr?cise ce connaisseur de toutes les oeuvres de Kyoto Animation.

Message?

Le mot "terro", employ? pour signifier un acte semant la terreur, des acc?s de violence d?coulant d'une frustration et non d'une revendication, revient souvent dans les r?actions.

"C'est une sorte de terrorisme local" d'une nature diff?rente de celui que l'on conna?t ailleurs, souligne Aaron Law, un jeune N?o-Z?landais passionn? de jeu vid?o.

"Que ce crime soit survenu au Japon et qu'il ait ?t? commis contre cette petite communaut? d'artistes, qui compte parmi les travailleurs les plus acharn?s du monde, est choquant?: c'est une attaque contre toutes les personnes travaillant dans cette industrie", r?sume Henry Thurlow, am?ricain animateur graphique ? Tokyo.?

"Dans ce milieu, nous nous connaissons pour ainsi dire tous", directement ou non, dit-il. Et le m?me de craindre "que la peur et le traumatisme r?sultant de cette attaque n'affectent beaucoup de gens pendant tr?s longtemps".

Hideaki Hatta, toujours patron de l'entreprise, a reconnu jeudi que des menaces de mort avaient ?t? adress?es au studio. Mais les critiques virulentes et avertissements ne sont pas si rares vis-?-vis des cr?ateurs au Japon, surtout via les r?seaux sociaux.

Le passage ? l'acte pr?sum? risque cette fois de renforcer les craintes.

"Est-ce que ce genre de drame ne va pas alt?rer ma cr?ativit? ? Il ne faut pas, ce serait perdre face ? une sorte de terrorisme", conclut M. Inoue, un message que fans et sp?cialistes du secteur lancent aussi aux artistes contre l'autocensure.

"Il ne faut pas c?der face ? la violence, il faut que Kyoto Animation comme les autres continuent de produire des oeuvres qui comportent un message", insiste aussi le professeur Hikawa.

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