Forum de Dakar pour la paix : Les armées conventionnelles impuissantes

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Dakar – Le président sénégalais Macky Sall a affirmé, lundi à Diamniadio (à une trentaine de km de Dakar), que la stabilité dans la région du Sahel est de nature à favoriser la paix et la sécurité dans le monde.

S'exprimant lors du panel de haut niveau inaugurant la sixième édition du forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique, initiée sous le thème "Paix et sécurité en Afrique : les défis actuels du multilatéralisme", le chef de l’Etat sénégalais a souligné que l’un des défis des multilatéralismes, qui sont d’ailleurs multiples et complexes, est de rétablir la paix et la stabilité.

Si les missions de paix de l’ONU ont considérablement évolué ces dernières années, signe du succès du multilatéralisme, les défis se sont accentués, en revanche, a-t-il analysé, relevant à titre d’exemple que la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) compte désormais 14.400 éléments, alors que les actes terroristes dans ce pays sont devenus récurrents.

Les attaques terroristes sont devenues fréquentes, plus meurtrières et audacieuses, menaçant même les pays voisins à l’instar du Burkina et du Niger, a déploré Macky Sall, insistant sur l’indivisibilité du Mali et sur l’impératif de la restauration de l’autorité de l’Etat.

Pour le président sénégalais, l’accent doit être mis sur les modalités de coordination des différentes actions entreprises dans la sous-région afin que les missions onusiennes puissent mener à bien leur devoir.

En réponse à ces préoccupations, a poursuivi Macky Sall, le Sénégal n’a eu de cesse de plaider pour le renforcement des moyens et mandats des missions sécuritaires dans la sous-région, notant que face à des groupes armés actifs, la mobilisation d’une force militaire équipée et avec mission l’éradication de tous les foyers du terrorisme semble indispensable.

De son côté, le Premier Ministre français, Édouard Philippe, a fait savoir que son pays a toujours répondu présent pour soutenir l’Afrique dans la lutte contre le terrorisme, à travers des opérations mises en œuvre en coordination avec les différents partenaires.

"Dans certains territoires, nous sommes parvenus sinon à éradiquer, du moins à contenir, voire à faire reculer la menace djihadiste", a dit le PM français, notant que "dans d'autres territoires en revanche, cette menace se développe", prospérant "sur un terreau de tensions préexistantes" et tirant profit "de la corruption et des trafics".

"Une chose est sûre : les groupes terroristes profiteront, dès qu’ils le pourront, de nos faiblesses, de nos manques de coordination ou de nos insuffisance en termes de moyens, d’engagements ou de formation", a-t-il fait remarquer, appelant à l’engagement de tous (MINUSMA, la mission de formation de l'UE au Mali, G5 Sahel et Union africaine) pour "mener à bien notre mission", car, a-t-il dit, "nous ne pouvons avancer qu’ensemble".

L’espace sahélo-saharien : une détérioration inquiétante

Selon le PM français, "les armées conventionnelles ne pourront jamais totalement vaincre l’ennemi que nous combattons. Elles peuvent le faire reculer, le neutraliser, non le faire disparaître", notant que cela nécessite une coordination étroite de tous les intervenants.

Pour sa part, le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a estimé dans son discours que le choix du thème est judicieux et en adéquation avec l’un des défis auxquels est confrontée la sous-région, relevant que la sécurité dans l’espace sahélo-saharien connait une détérioration inquiétante depuis quelques années.

Il a cité, dans ce sens, trois facteurs qui aggravent la vulnérabilité de la situation dans cette région, à savoir les conditions climatiques inhospitalières, la mauvaise gouvernance et la pression démographique.

Sur le plan économique, a-t-il dit, les Etats font face à des conditions économiques précaires, dans un moment où une grande partie des ressources de l’Etat sont consacrées à la sécurité au détriment des projets de développement, à la santé, ou à l’éducation.

Quant au vice-ministre japonais chargé des affaires étrangères, Nakatani Shinichi, il a appelé à s’attaquer directement aux racines des conflits, comme la vulnérabilité des institutions étatiques et des environnements qui poussent les jeunes à l’extrémisme, notant que des activités de maintien de la paix conduites par les pays d’Afrique seront davantage soutenues par des projets de renforcement des capacités à travers plusieurs centres de formation des opérations de maintien de la paix en Afrique et le projet de l’ONU pour le déploiement rapide de moyens de génie en Afrique.

La 6ème édition de ce forum à laquelle le Maroc est représenté par une délégation conduite par l'ambassadeur du Royaume au Sénégal, Taleb Barrada, se penche sur les différentes problématiques liées aux défis de la paix et de la sécurité dans le continent, à travers trois séances plénières axées respectivement sur les thèmes : "Repenser la sécurité collective : quelles approches ?", "Face à la crise du multilatéralisme : quelles réponses aux défis à la paix et à la sécurité en Afrique ?" et "États, acteurs privés, populations et sécurité en Afrique".

Le programme du Forum comporte également des ateliers consacrés notamment à l’examen des mécanismes de prévention des conflits et de sortie de crises, au financement des politiques africaines de paix et de sécurité et à la sécurité numérique.

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