En Tunisie, on a voté sans enthousiasme, le taux de participation a tout de même atteint 41,3%

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Mohamed Daadaa, 60 ans, était parmi les premiers devant un bureau de vote du centre de Tunis dimanche matin pour les législatives -- et pourtant il a voté "sans aucun espoir d'un changement positif dans ce pays".

"Je n'ai confiance en personne et en aucun parti politique. La vie ne fait qu'empirer dans ce pays !", s'emporte-t-il.

Les Tunisiens élisent leurs 217 députés entre les deux tours de la présidentielle, et ce scrutin pourrait, comme le premier tour de la présidentielle du 15 septembre, balayer les partis classiques.

Signe visible de ce rejet : si les électeurs montraient fièrement leur doigt marqué d'encre lors des premières législatives post-révolution en 2011, dimanche la plupart essuyaient prestement cette empreinte électorale.

"Je suis venu voter par devoir pas plus» ! lance Abdeljlil Frihi, frottant son doigt en pestant contre une classe politique qui a fait "couler" le pays.

Pour ce septuagénaire "après plusieurs d'années d'attente pour voir un changement, le désespoir a envahi les Tunisiens de tous âges".

Son avis est partagé par plusieurs électeurs qui vouent aux gémonies les dirigeants au pouvoir depuis la révolution en 2011, qui n'ont pas réussi à relancer l'économie et résorber la crise sociale.

"Rien ne plait dans ce pays, nous en sommes arrivés à ne plus pouvoir acheter des sardines", déplore Abdeljlil. Ce poisson bon marché très prisé par les ménages se vend 5 à 6 dinars (1,5 à 2 euros) le kilo, trois fois plus qu'en 2011.

Il est rapidement réduit au silence par un agent de l'instance chargée des élections, pour ne pas perturber le vote alors que d'autres électeurs se mettent à manifester leur colère contre toute la classe politique.

"On sent qu'il y a un vent de changement dans ce pays", appuie un électeur, Issa.

Un taux finalement pas « si mauvais »

 

Dès dimanche matin, l'affluence était faible dimanche matin indiquait que le taux de participation n’allait pas battre des records. Il a finalement atteint les 41,3 % à la fermeture des bureaux de vote à 18 heures, a annoncé l'Instance Supérieure Indépendantes des Elections (ISIE), ce qui un chiffre surprenant vu l’état des lieux laissé par le premier tour de la présidentielle.

Ce taux est en deçà des attentes de l’instance, a déploré le président de l’ISIE, Nabil Baffoun lors d’une conférence de presse tenue à l’issue de la fermeture des bureaux de vote.

Il a cependant relevé qu’il s’agit d’un "taux acceptable" lors d’un scrutin où plus de deux millions de Tunisien ont voté.

"Il s’agit d’un choix pour l’électeur tunisien qu’on doit respecter même s’il est en deçà des chiffres de 2014", a-t-il précisé.

Ce taux était de 49,17 % à Kebili, 47 % à l’Ariana, 46,43 % à Tozeur, 43 % à Mahdia, 41 % à Zaghouan, 39,72 % à Medenine, 38,74 % à Béja, 38,74 % à Siliana, 37,1 % à Gabès, 32,58 % à Sidi Bouzid et 28,33 % à Kasserine.

Les résultats préliminaires seront proclamés le 10 octobre, alors que les résultats définitifs seront proclamés le 13 novembre par l'instance supérieure indépendante des élections.

Le nombre des inscrits pour les élections est fixé à 7.065.307 électeurs dont 1.885.000 nouveaux inscrits.

Plus de 1500 listes, entre partisanes, indépendantes et de coalition sont en lice pour les 217 sièges du parlement.

 

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