Algérie : le point de situation après la lettre de Bouteflika

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Après la lettre de Bouteflika dont laquelle il a annoncé le report de l’élection présidentielle du 18 avril, le Premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia, a présenté lundi 11 mars sa démission au Président de la République. L’information a été  rapportée l'agence de presse algérienne "APS".

"Le Président de la République a reçu, lundi 11 mars à Alger, le Premier ministre Ahmed Ouyahia qui lui a remis sa démission", souligne la même source qui précise que le chef de l'Etat a, à cette occasion, remercié M. Ouyahia pour les efforts déployés durant l'exercice de ses fonctions.

Au même jour, Abdelaziz Bouteflika, a reçu lundi 11 mars Noureddine Bedoui et Ramtane Lamamra.

Lors de cette audience, le chef de l'Etat a procédé à la nomination de M. Bedoui au poste de Premier ministre en remplacement de M. Ahmed Ouyahia. M. Bouteflika a également nommé, à la même occasion, M. Lamamra au poste de vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères. Le président Bouteflika a chargé M. Bedoui de former le nouveau gouvernement.

Promu au rang de vice-Premier ministre, Ramtane Lamamra, qui occupe également le portefeuille des Affaires étrangères, a pour sa part argué lundi soir que les Algériens n'avaient "pas droit à l'erreur" face à la "responsabilité historique" liée à la décision d'Abdelaziz Bouteflika de ne pas briguer un cinquième mandat.

M. Lamamra, qui s'exprimait sur RFI, a assuré que les prochaines élections seraient "absolument libres", au vu des garanties apportées par les autorités.

La situation en Algérie s’enlise et les manifestations persistent.   Les étudiants dénoncent une ruse de Bouteflika.

Plusieurs milliers d'étudiants manifestent mardi 11 mars dans le centre d'Alger, dénonçant une "ruse" du président Abdelaziz Bouteflika pour se maintenir au pouvoir, au lendemain du retrait de sa candidature à un 5e mandat et du report sine die de la présidentielle.

"Les étudiants résistent à la prolongation du 4e mandat!", scandent les manifestants -parmi lesquels également des enseignants-, brandissant de nombreux drapeaux et défilant dans les artères près de la Grande-Poste, un bâtiment emblématique du coeur de la capitale.

A l'international, la France, ancienne puissance coloniale, a salué mardi, par la voix du président Emmanuel Macron, la décision "du président Bouteflika", tout en appelant à "une transition d'une durée raisonnable".

Des rassemblements étudiants sont prévus dans d'autres villes. A Oran et Annaba, deuxième et quatrième ville du pays, les étudiants sont actuellement réunis en Assemblées générales sur des campus pour organiser la poursuite de la mobilisation, selon des journalistes locaux.

A Oran, de nombreux lycéens sont à nouveau descendus dans la rue, mardi.

Le véritable révélateur sera néanmoins vendredi, premier jour de week-end et traditionnel journée de manifestation depuis bientôt trois semaines.

Sur les réseaux sociaux le hashtag "Mouvement_du_15_Mars" a déjà remplacé ceux des 22 février, 1er et 8 mars --les trois vendredi précédents théâtres de manifestations massives--, en appelant à un 4e vendredi consécutif de mobilisation.

Les annonces de Bouteflika : ni "recul" du pouvoir ni "victoire" de la rue

Le retrait de la candidature à un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika et le report sine die de la présidentielle du 18 avril ne marquent ni un recul du camp présidentiel ni une victoire de la contestation, estime mardi 12 mars à l’AFP l'universitaire algérienne Louisa Dris-Aït Hamadouche.

La mobilisation du 4e vendredi consécutif de manifestations, le 15 mars, dira si ces propositions ont réussi à calmer la contestation, souligne cette enseignante en Sciences politiques à l'Université Alger 3.

S’agissant les propositions du président Bouteflika, l’interlocuteur a indiqué qu’il s’agit  «  d’une reproduction propositions de la lettre du 3 mars dans laquelle il annonçait sa candidature. On est exactement dans la même logique, la même philosophie, ce qui explique les réactions globalement hostiles ».

« A la place du 5e mandat, il prolonge son 4e mandat, ce qui pose un problème juridique important. A partir du 28 avril, il ne pourra plus assumer légalement ses pouvoirs, il ne peut donc pas être légalement le garant du processus (de transition, ndlr) qu'il se propose d'amorcer ».

« Il est également étrange qu'il ait écrit (dans sa dernière lettre en date) qu'il ne voulait pas briguer un 5e mandat. Soit il n'était pas au courant (que sa candidature avait été déposée au Conseil constitutionnel), soit ce n'est pas lui qui a écrit cette (dernière) lettre. Cela pose certaines questions », a déclaré à l’AFP l'universitaire algérienne.

«  Ces propositions sont-elles à même de calmer la contestation? »

A cette question, l’universitaire répond qu’au « vu des premières réactions des partis politiques et de la rue, il semble que ces propositions ne sont pas accueillies positivement.

Et d’ajouter qu’il y a dans la manifestation d'aujourd'hui (mardi 12 mars) des slogans très hostiles à la réaction du gouvernement français (...), au fait que la France exprime sa position si rapidement. Cela a été perçu comme une véritable ingérence dans la gestion du processus en Algérie.

« Il faut néanmoins attendre vendredi. Aujourd'hui, c'est une première réponse, mais la véritable réponse sera vendredi. Si la mobilisation reste forte au niveau national la réponse à ces propositions sera évidente », a conclut l’universitaire.

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