Algérie : Le film ‘’Ben M’hidi’’ de Bachir Derrais interdit de projection

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Le ministère des Moujahidine a interdit la projection en salles en Algérie du film « Ben M’hidi » de Bachir Derrais, rapporte TSA

Alors que le film devait sortir septembre courant, le ministère a pris la décision de l’interdire à travers le centre national d’études et de recherches sur le mouvement national qui est chargé de suivre les films et documentaires traitant de la guerre de libération nationale.

Le réalisateur a expliqué sur son compte Facebook que le contenu du film n’a pas été approuvé. « Ils ont trouvé qu’il n’y avait pas beaucoup de violence, pas assez de scène de guerre alors que j’ai fait un film politique. Ils m’ont reproché de n’avoir pas montré la torture, les embuscades, ils voulaient un film à la « Ben Boulaïd ». Si je devais les suivre, j’aurais fait un film de cinq heures. Ils ne connaissent pas le cinéma. Ils ne savent pas que le film dure 1h50 dans lequel, on raconte une histoire selon un angle précis », a-t-il confié à TSA.

Bachir Derrais a indiqué : « on m’a reproché de porter atteinte aux symboles de la Révolution », avant de poursuivre : « ils demandent de refaire le film. Ils m’ont demandé pourquoi j’ai montré les désaccords entre les chefs de la Révolution. J’ai notamment montré les différends entre Abane et Ben Bella, entre Ben M’hidi et Ben Bella, entre les gens de l’intérieur et ceux de l’extérieur. Et j’ai évoqué la guerre de leadership. On m’a reproché de porter atteinte aux symboles de la Révolution. Je n’ai rien inventé. Tout est écrit dans les livres de Khider, de Ferhat Abbas et de Benyoucef Benkhedda ».

Par ailleurs, souligne TSA, le réalisateur a insisté sur le fait qu’il est « un homme libre qui a toujours défendu la liberté d’expression ». Et d’ajouter « à la limite, ce que je peux accepter est le visionnage du film par un comité d’historiens indépendants comme Daho Djerbal, Mohamed Harbi ou Benjamin Stora, pas les fonctionnaires du ministère des Moudjahidine. Si ces historiens indépendants me disent d’enlever des choses, je peux vous assurer que j’appliquerai. Cela dit, je rassure les Algériens que le film leur sera montré par tous les moyens. Nous n’allons pas abandonner cinq ans d’efforts… ».

Cependant, selon TSA, qui cite une source autorisée, le comité du centre national des études et de recherches sur le mouvement national s’est appuyé sur la loi sur le Moudjahid et le Chahid de 1999, sur l’ordonnance 03/05 de 2003 relative aux droits d’auteurs et sur la loi 11/03 de 2011 relative à la cinématographie.

L’article 6 de la loi 11/03 prévoit que la production des films relatifs à la guerre de libération nationale et à ses symboles est soumise « à l’approbation préalable du gouvernement », souligne la même source.

Toujours selon le journal, un film sur Ben M’hidi a déjà reçu une subvention des ministères de la culture et des Moudjahidine sur la base d’un autre scénario écrit par Mourad Bourboune.

La même source a ajouté que le réalisateur, Bachir Derrais a dit qu’il ne « voulait pas faire de la propagande, mais personne ne lui a demandé de le faire. Ce qui lui a été demandé, par contre, était de respecter le scénario et les lois. Le réalisateur le sait parfaitement ».

Selon cette même source, l’État ne peut pas dégager des sommes d’argent pour la production d’un film pour le bloquer après. « Si le réalisateur a financé le film de sa poche, il peut dire qu’il ne changera rien au long-métrage. Or, ce n’est pas le cas. Sa contribution financière est faible », affirme-t-elle.

De son côté, souligne TSA, Derrais a soutenu que le film a été financé à 40% par le ministère de la culture et à 29% par le ministère des Moudjahidine. « Le reste, c’est moi », a-t-il indiqué.

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