Algérie : des dizaines de milliers encore dans la rue

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La mobilisation des opposants contre le 5e mandat est massive en Algérie. L'opposant algérien Rachid Nekkaz, qui s'est porté candidat à l'élection présidentielle en Algérie, a été interpellé ce vendredi par la police à l'intérieur de l'hôpital de Genève où est soigné le président Abdelaziz Bouteflika, a-t-on appris auprès de la police.

"Je vous confirme l'interpellation de M. Nekkaz qui est actuellement auditionné dans les locaux de la police puisqu'il fait l'objet d'une plainte pour violation de domicile", a déclaré à l'AFP Joanna Matta, la porte-parole de la police genevoise, expliquant qu'il avait pénétré dans l'hôpital "alors qu'on lui avait dit ne pas le faire".

Plusieurs marches mobilisées dans différentes villes algériennes

Plusieurs marches sont mobilisées contre le 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika.
Des centaines de milliers d’entre eux battent le pavé de diverses villes d’Algérie pour exprimer leur refus d’assister à une telle perspective. L’information a été rapportée par Russia Today.

Selon le journaliste Bouzid Ichalalene, correspondant de la chaîne Russia Today, les forces de l'ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes pour empêcher des manifestants de forcer le dispositif sécuritaire.

A Sétif (l’est de l’Algérie) et à Annaba, une foule imposante mobilisée. Toujours à l’est de l’Algérie, précisément à Skikda, des milliers de personnes défilent également dans la ville.

Les manifestants scandent un slogan au Premier ministre algérien : «dégage Ouyahia, l'Algérie vivra» et «FLN dégage».

A 14h34, une manifestation a eu lieu dans la ville d'Oran, à l'ouest du pays. Les manifestants entonnent le slogan devenu désormais traditionnel : «y aura pas de cinquième Boutelflika».

A Tizi Ouzou, la manifestation se poursuit avec la présence de nombreuses femmes en tenue traditionnelle.

Selon le site TSA, à Oran, de nombreuses femmes et hommes affluent vers le centre-ville en prévision d’une grande manifestation prévue dès 14h pour «réclamer l’égalité des droits entre  les femmes et les hommes et s’opposer à un cinquième mandat de l’actuel chef de l’Etat».

Les manifestants sont déjà réunis en nombre à Béjaïa, en Kabylie, à 200km à l'est d'Alger. De très nombreuses femmes, habillées pour certaines en tenues traditionnelles, sont présentes.

  Selon les informations de TSA Algérie, une manifestation se tient à M’Chedallah, commune de         la wilaya (préfecture) de Bouira, au sud-est d'Alger.

Toujours selon la même source, à Reghaia, ville de banlieue algéroise, à l'occasion de la grande prière du vendredi, les imams ont lancé des appels à manifester dans le calme et à préserver la stabilité du pays.

Ali Ghediri, général à la retraite et candidat à la présidentielle, présent dans les rues d'Alger, a été accueilli aux cris de «dégage» par les manifestants.

A Alger, des milliers de personnes se sont rassemblées ce 8 mars dans le centre de la capitale. Des flots d'hommes et de femmes, brandissant ou drapés dans des drapeaux algériens continuent de converger vers la Place de la Grande-Poste, bâtiment emblématique du cœur d'Alger.

Dès la mi-journée, avant même la fin de la prière du vendredi, des centaines de personnes ont commencé à se rassembler dans plusieurs villes du pays, rapportent des journalistes locaux, comme à Tizi Ouzou, en Kabylie.

Les policiers, déployés en nombre, ne sont pas intervenus et aucun incident n'a été signalé. Un petit groupe de quelques centaines de jeunes a brièvement marché dans le calme dans les rues d'Alger.

Plusieurs véhicules anti-émeute, dont un canon à eau, sont disposés près des lieux de rassemblements habituels. A chaque passage au-dessus d'eux de l'hélicoptère qui bourdonne dans le ciel d'Alger, les manifestants agitent leurs drapeaux et sifflent.

A Alger, s'organisent également sur les réseaux sociaux des groupes de "brassards verts", volontaires qui s'occuperont d'orienter et encadrer les marcheurs, prévenir les risques de bousculades, apporter quelques premiers soins, notamment en cas de projection de gaz lacrymogènes et nettoyer les rues à l'issue de la manifestation.

Dans certains quartiers périphériques de la capitale, des propriétaires de véhicules ont organisé des navettes pour transporter ceux qui veulent manifester vers le centre-ville, ont indiqué certains d'entre eux à l'AFP.

Les avocats, les étudiants et leurs enseignants ont, tour à tour, défilé pour s’indigner face à l’agenda du régime et à l’entêtement d’Abdelaziz Bouteflika de se maintenir au pouvoir en dépit de son âge et de son très mauvais état de santé.

Démission collective au FLN

Le FLN a enregistré, ce vendredi au moins sept démissions dans ses rangs. Anciens parlementaires et membres du comité central (CC), ces cadres du parti ont en effet décidé de claquer la porte du parti pour rejoindre le mouvement de contestation contre le 5eme mandat.

L’information a été rapportée par TSA. « Nous nous sommes réunis et nous avons murement réfléchi avant de décider de démissionner du parti », a expliqué à TSA l’ancien sénateur et ex-mouhafed Nordine Djaffer.

Avant d’expliquer : « puisqu’il n’y a aucun changement qui pointe à l’horizon et ce en dépit des multiples appels à la direction du FLN qui reste sourde à toutes nos préoccupations et aux préoccupations du peuple, cette état de fait nous a poussé à démissionner et à nous ranger du coté du peuple ». « Nous sommes contre le 5eme mandat et nous avons même marché dans les différentes manifestations avant même notre démission » a-t-il enchainé.

FLN : le coordinateur du mouvement de redressement démissionne

Moins de 24 heures après sa nomination à l’instance dirigeante du parti Front de Libération Nationale (FLN), le coordinateur du mouvement de redressement du FLN, Abdelkrim Abada a annoncé sa démission et rejoint le mouvement populaire contre le cinquième mandat.

«Le moudjahid et militant Abdelkrim Abada, annonce son retrait avec effet immédiat et sans conditions de ce qui est appelé la direction élargie de l’instance de gestion du parti », a indiqué Abada dans une déclaration écrite reprise par TSA.

Il a refusé «l’exploitation de son nom et de son parcours militant dans toute manœuvre politicienne ou partisane de quelque partie que ce soit, notamment dans ce virage historique et décisif pour l’Algérie».

«Le militant et dirigeant Abdelkrim Abada réaffirme qu’il est, à instar de tous les membres du mouvement de redressement, ancré dans les rangs du peuple algérien dans son soulèvement civilisé et honorable», a-t-il conclu.

Les membres nommés en novembre dernier ont été maintenus, dont Leila Tayeb, Mahmoud Guemama, Saida Bounab, Said Lakhdari et Samira Bouras Kerkouche, alors que Mustapha Karim Rahiel a été écarté.

La liste élargie compte compte des ministres, anciens ou en exercice, en l’occurrence Tayeb Louh, Mahdjoub Bedda, Hachemi Djiar et le Secrétaire général de la Présidence de la République, Habba El-Okbi, outre le retour d’anciens cadres du parti à l’image de Abderrahmane Belayat, Abdelkrim Abada (s’est retiré), Salah Goudjil et des membres du parlement tels que Abdelhamid Si Affif et Mahmoud Guisaoui.

L’ancien ministre de l’agriculture Sid Ahmed Ferroukhi a annoncé sur sa page Facebook, sa décision de démissionner de son mandat de député d’Alger et de quitter sa formation politique, le FLN. « Je vous informe que je présente ma démission de l’Assemblée Populaire Nationale et mets fin à mon appartenance au parti FLN que j’ai rejoint lors des législatives de 2017, avec l’espoir de contribuer à un renouveau au cœur du monde politique ». C’est ce qu’a annoncé la tête de liste FLN dans la capitale lors des législatives de 2017.

Les avocats en colère

Plusieurs centaines d’avocats ont organisé jeudi 7 mars à Alger un rassemblement devant le Conseil Constitutionnel à Alger contre un éventuel 5e mandat de Abdelaziz Bouteflika, demandent le rejet de sa candidature à la présidentielle d’avril.

Marchant du ministère de l’Energie vers le conseil constitutionnel, les avocats dénoncent  “une constitution de non droit” et  clament haut et fort qu’ils sont “détermines à “accompagner le peuple vers une Algérie plus libre”, selon le site d’information TSA Algérie.

Ces hommes et femmes de loi ont également dénoncé la difficulté d’exercer le métier d’avocat dans ce régime « d’impunité ».

« Aller à l’encontre de la constitution et de la loi électorale est une trahison de haut niveau » estime un avocat. Il ajoute qu’il « est temps de respecter le voix du peuple »

Arborant le drapeau algérien pour de nombreux d’entre eux, les robes noires ont scandé des slogans hostiles au pouvoir, popularisés par les marches populaires des deux dernières semaines: « Djoumhouria machi mamlaka » (Une république, pas une monarchie) ou encore « Djaizair houra démocratia » (Algérie libre et démocratique). 

Des avocats connus ont pris part à cette manifestation. Parmi eux, Me Mokrane Ait Larbi qui a quitté la veille la direction de la campagne du candidat Ali Ghediri. Me Zoubida Assoul qui a fait de même a également été présente. 

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