Rencontres cinématographiques internationales de Dakar : Saïl l’Africain du cinéma

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"Les Etat africains doivent, dans leur politique cinématographique, faire en sorte que le secteur soit profitable à tous. Que ce qui se passe au Sénégal puisse être ressenti au Mali, en Côte d’Ivoire, en Guinée"

L'ancien directeur du Centre cinématographique marocain (CCM), Noureddine Saïl, a plaidé à Dakar pour une collatéralité des productions cinématographiques africaines, à l'image de l’Europe.

"Le collatéral, c’est l’essence même de la cinématographie européenne. Aujourd’hui, grâce à l’Europa cinéma, la promotion de bien de films est faite dans des pays européens qui, peut-être à la base, n’étaient pas forcément intéressés par ces films. Je rêverais de l’Africa cinéma", a souligné M. Saïl, en inaugurant les 10es Rencontres cinématographiques internationales de Dakar (RECIDAK), organisées du 22 au 28 courant dans la capitale sénégalaise.

L’impérative implication de l’Etat

"Les Etat africains doivent, dans leur politique cinématographique, faire en sorte que le secteur soit profitable à tous. Que ce qui se passe au Sénégal puisse être ressenti au Mali, en Côte d’Ivoire, en Guinée", a-t-il dit lors d’un colloque organisé sous le thème "Cinéma et développement".

Décryptant la situation actuelle du 7è art africain, M. Saïl, par ailleurs président de la Fondation du festival du cinéma Africain de Khouribga, a affirmé que "rien ne sera fait aujourd’hui en Afrique, avec 60 ans de retard, si les Etats ne s’impliquent pas directement et financièrement dans la production cinématographique".

"Il ne faut pas qu’ils pensent que c’est un investissement à perte. Non, c’est un investissement sur l’avenir", a-t-il défendu, déplorant le fait qu’"aucune décision sérieuse n’a été prise en Afrique ces 60 ans dernières années dans le secteur du 7éme art".

Selon M. Saïl, "les gouvernants africains, à défaut de mettre directement les finances dans la production, pourraient le faire autrement. Qu’ils prennent exemple sur les Européens. L’Afrique doit avoir son propre système et modèle pour en faire autant", a-t-il dit. 

La quantité au service de la qualité

"Si aujourd’hui, on parle de cinéma européen par exemple, c’est grâce à la somme des cinémas Belge, Allemand, Français, etc. Les cinéastes africains devraient donc se battre pour avoir des cinématographies nationales avant de prétendre à une africaine", a-t-il enchaîné, ajoutant que "le jour où on aura 50, 60 ou 100 films par an dans des pays africains on pourra parler de cinéma africain".

"Nous avons besoin d’une quantité signifiante de films pour avoir à côté une quantité mineure de très grands films".

Une soixantaine de professionnels du septième art en provenance de l’étranger ont pris part aux Rencontres internationales cinématographiques de Dakar (RECIDAK) qui ont pris fin mercredi.

Il s’agit notamment de réalisateurs, de producteurs, de professeurs de cinéma et des critiques de cet art.

Un colloque sur "Cinéma et développement", des panels et un atelier sur l’actorat et le fond vert (décor virtuel utilisé dans certains films), ainsi que des masters class et des séances de projections, ont fait partie des temps forts de la manifestation.

Les Rencontres internationales cinématographiques de Dakar avaient été initiées en 1990. L’idée était de créer cet évènement autour du 7e art en partenariat avec le ministère français de la Coopération et des instances de la Francophonie.

Après la tenue d’une seule édition, les RECIDAK cessent d’être organisées durant dix ans en raison de difficultés financières. Elles ont été relancées en 2014 au niveau national avec l’appui de l’Etat sénégalais.

(Avec MAP)