Académie du Royaume: les médinas marocaines, une source d'inspiration pour les villes du futur

5437685854_d630fceaff_b-

734
Partager :

Rabat - Les participants à un colloque international sur la ville dans le monde musulman organisé par l'Académie du Royaume du Maroc ont souligné, jeudi à Rabat, que les médinas marocaines, comme Fès, Tétouan et Tanger, sont une véritable source d’inspiration pour les futures villes respectueuses de l'environnement.

Dans son intervention intitulée "Au-delà des murs, quelle mise à niveau?", présentée dans le cadre de cet événement de trois jours initié sous le thème "La ville dans le monde musulman: genèse et mutation", la vice-présidente de la Fondation Tanger-Médina, l’architecte Hanae Bakkari, a indiqué que les valeurs des médinas, leur patrimoine et leur richesse architecturale peuvent contribuer grandement à la conception et à la construction des futures villes et à l'amélioration de la qualité de vie en leur sein.

S’exprimant lors de l'atelier de géographie, de l’habitat, de l’économie et l’architecture sur "La ville islamique: dimensions géographiques multiples", Mme Bakkari a expliqué que ces anciennes villes arabo-musulmanes, comme Tanger, dispose d’un héritage historique important et regorgent d'énormes atouts sociaux et architecturaux à faire valoir en vue de favoriser la préservation du patrimoine et le renforcement de l'écosystème ainsi que la consolidation des liens humains entre les populations.

Pour cette architecte, il importe d'adopter la démarche d'écoute aux habitants afin de mieux comprendre la logique du développement des vieux quartiers, notant que l'objectif principal devrait être d'améliorer les aspects écologiques et les conditions de vie de la population.

Elle a cité, à cet égard, les grands efforts consentis au niveau de Tanger, qui ont porté leurs fruits à travers la mise en œuvre de projets géants tels que "Tanger Métropole" et son programme "Madinati Ajmal" et d'autres petits, mais non moins importants, comme le programme "de Houmat Couk à Houmat Al Ward".

De son côté, l'universitaire Naima Lahbil Tajamouti a mis en exergue le problème du déplacement des populations des médinas, notamment de la ville de Fès, qui connaît depuis 1994 un déclin important de ses habitants.

Lors de son intervention intitulée "Les artisans d'un nouveau cadre de vie", elle a attribué ce déplacement au manque d'investissements publics et privés et à la stagnation du commerce de produits artisanaux, appelant, à ce propos, à diversifier les ressources de revenus.

La conférencière a en outre évoqué les efforts déployés ces dernières années pour restaurer les monuments historiques du Trio d'or (Boujloud, Lalla Yeddouna et Bab Al-Makina) et les jardins historiques comme Jnan Sabil, ainsi que l’aménagement des hôtels et l'amélioration des accessibilités dans la médina.

Quant au membre correspondant de l'Académie royale d'histoire de Madrid, Mohamed Benaboud, il a appelé à engager la société civile dans la réflexion sur les moyens de préserver le patrimoine de la médina de Tétouan et à restaurer ses monuments historiques à l'instar de Dar Bin Marzouq Al Arabiya.

Le conférencier a également souligné la nécessité de valoriser le patrimoine historique de la ville, à travers l’aménagement des tombes des mosquées de la médina, qui dépassent les 33, outre la réhabilitation des fontaines et des clôtures.

Il a aussi jugé nécessaire d’informer les nouvelles générations du patrimoine culturel de Tétouan en organisant des activités culturelles, sociales et récréatives au profit de la population, soulignant l’importance d'accélérer la mise en œuvre d'importants projets royaux relatifs à la ville, afin de valoriser son patrimoine et d'améliorer la qualité de vie de ses habitants.

Organisé en coopération avec la revue Hespéris-Tamuda publiée par la faculté des Lettres et des sciences humaines de Rabat, le colloque "La ville dans le monde musulman : genèse et mutation" se déroule sous forme d’ateliers (workshop) parallèles, selon les spécialités, avec des conférences plénières autour de l’archéologie - la géographie, l’urbanisme, l'économie et architecture - et de l’histoire.

Selon une fiche de présentation de cette rencontre de trois jours, le débat sur la ville musulmane n’est pas près de se terminer. Installé par un orientalisme conquérant, pendant le 19ème siècle et la première moitié du 20ème siècle, relancé par les recherches monographiques universitaires marocaines depuis les années soixante, réactualisé, à partir des années 2000, par des disciplines plus proches de la géographie, de la sociologie, de l’architecture et de l’histoire, ce débat est aujourd’hui en passe de devenir un passage obligé pour comprendre la ville dans un monde musulman en pleine mutation.

Il permettra également de rapprocher différentes approches du point de vue de l’historien, de l’anthropologue, de l’archéologue, du géographe et du sociologue en vue de comprendre la ville dans un monde musulman en pleine mutation et lui apporter un nouveau souffle.