Y-a-t-il une alternative au duel PAM-PJD ?

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Le RNI de Mezouar, une possible troisième voie de recours, la FGD pourrait constituer une véritable alternative moderniste et audible au discours intégriste du PJD. Il lui faut auparavant pouvoir constituer un groupe parlementaire

Depuis le début de la campagne, deux partis, comme prévu, mènent la course en tête : Le PAM d’Ilyas El Omari et le PJD d’Abdalilah Benkirane. Les deux formations qui s’inscrivent dans un rapport d’allergie l’un envers l’autre, ont montré une forte capacité de mobilisation et le déploiement de grands moyens dans l’organisation et la communication. Dans les résonances qu’ils produisent, les autres partis peinent à se faire entendre, et en dehors de l’Istiqlal et du RNI, ils semblent limiter leur ambition à éviter la casse et continuer d’exister, ce qui est à la portée d’un parti comme le Mouvement Populaire avec son enracinement rural et l’Union Constitutionnelle qui compte dans ses rangs plusieurs notables.

Le discours de Benkirane dominé par un égotisme sans limite, a revu sa copie quant au « tahakoum », même s’il continue à y faire indirectement référence et persiste à présenter les deux principales réalisations de sa mandature, la réforme de la caisse de compensation et des retraites, comme un acte de courage. C’est précisément ce que lui reprochent ses adversaires qui ont le beau jeu de souligner l’impopularité de ces deux réformes et de mettre en exergue son incohérence avec ses promesses électorales.

Malgré ses prétentions, Benkirane, à l’entendre, donne l’impression d’avoir revu à la baisse ses ambitions quant aux nombre de sièges que son parti obtiendrait, mais aspire toujours à arriver premier sans toutefois être sûr de pouvoir constituer une majorité et fait déjà allusion à de nouvelles élections.

Homme de confrontation, le secrétaire général du PJD a toutefois fui le débat organisé par Médi 1 tv pour ne pas rencontrer Ilyas El Omari qui, lui, ne s’est pas dérobé. Le face-à-face entre les deux hommes, au milieu des autres chefs de partis, aurait été intéressant dans la mesure où il aurait permis d’établir la ligne de démarcation entre eux et de vérifier la crânerie des deux adversaires irréductibles.

Ce qui a permis au secrétaire général du PAM de s’étendre, sans véritable contradicteur, sur les deux thèmes préférés de sa campagne : D’abord la dénonciation de « attamkine » (la maitrise), sous tendant la politique du PJD qui chercherait à maitriser la société marocaine et à noyauter l’Etat par son entrisme soutenu de ses rouages avant de faire tomber la chape de l’obscurantisme du Califat sur le Maroc. Ensuite ses ratages économiques qui, selon lui, ont mis le Maroc au bord de la faillite et qui ne tiendrait que par le surendettement, crédo économique de la campagne du PAM.

Dans ce bras de fer qui pourrait, selon certains observateurs, conduire le PAM et le PJD à une neutralisation mutuelle, le RNI de Salheddine Mezouar se pense comme une alternative possible au blocage susceptible de naitre de leur affrontement. Mezouar qui reste optimiste sur le score de ses candidats et estime que les écarts entre les partis de tête seraient, le soir du scrutin, moins importants que ne le laisse présager la campagne du PJD et du PAM, entend dès maintenant se positionner comme une troisième voie possible.

Mais ce tumulte électoral ne saurait faire oublier qu’une alliance de « petits » partis, la Fédération de la Gauche Démocratique (FGD) que pilote Nabila Mounib a déjà créé la surprise en couvrant 90 circonscriptions sur 92. Formé pour l’essentiel de militants de l’ancienne extrême gauche, la FDG, dont le PSU a connu un passage par la Chambre des représentants, fait figure de formation vierge qui n’a jamais assumé le pouvoir. Si elle arrive à remporter suffisamment de députés pour former un groupe parlementaire, elle pourrait considérablement gêner le PJD sur le terrain de la modernité, de l’audibilité et du discours d’opposition que le parti Abdalilah Benkirane développe en dépit de ses responsabilités gouvernementales et de son histoire.