Le génie de Takaddoum

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L’absence de toute prétention gouvernementale chez le premier secrétaire de l’USFP, je n’y ai jamais cru. En 2007 il a torpillé l’USFP juste pour un strapontin

Le Bureau politique de l’USFP s’est réuni la semaine dernière en séance solennelle, du moins c’est ce que l’on dit, pour implorer Son Auguste le premier secrétaire, Driss Lachgar, de revenir sur sa décision malencontreuse de ne pas être partie prenante dans le gouvernement. Tout de suite après, une pétition a été mise en circulation au sein du parti pour soutenir la juste imploration de la direction socialiste. J’aimerais en rire, mais je n’y arrive pas. La Roumanie, en la personne de Nicolas Ceausescu, avait son génie des Carpates. L’USFP avec Driss Lachgar a son génie de Takaddoum. Tant de compétences, le gouvernement ne pouvait s’en passer. Vous imaginez le vide sidéral qu’il laisserait si par malheur il arrive à ne pas figurer dans le gouvernement, ce qui n’est pas à écrater. Lui, le colosse, qui s’est mis en travers du chemin du pauvre Abdalilah Benkirane. La preuve que le chef de gouvernement sortant avait sous-estimé le poids et la charge pondérale de son vis-à-vis socialiste. Erreur monumentale qui lui a couté ce qu’elle lui a couté et dont les répliques sismiques n’ont fait que commencer. Je ne sais pas ce qu’en pense Habib El Malki, président de la Chambre des représentants et accessoirement président de la commission administrative de l’USFP, il est toutefois dans le devoir de renvoyer l’ascenseur.  

Mais n’allez surtout pas croire qu’avec Driss Lachgar il n’y a que des avantages. Des inconvénients existent aussi, notamment pour les caricaturistes. Car pour  le caricaturer il suffit de le prendre en photo.

Vous pensez que je suis un ingénu intégral. C’est juste une impression. L’absence de toute prétention gouvernementale chez le premier secrétaire de l’USFP, je n’y ai jamais cru. En 2007 il a torpillé l’USFP, éjecté son mentor de toujours, Mohammed Lyazghi, débarqué le vénérable pondéré Abdalouahed Radi pour prendre sa place en 2012. Entre temps il a menacé de s’allier au PJD dont il accusait auparavant le chef de file d’être l’un des instigateurs de l’assassinat de Omar Banjelloun en 1975 et fait face frontalement au PAM. Par principe ? C’est prendre les principes de Driss Lachgar pour des lanternes. Il voulait être ministre dans le gouvernement de Abbas El Fassi et on ne l’a pas fait ministre. On le calmera plus tard par le strapontin de ministre chargé des relations avec le parlement. Ça  lui a suffi pour trouver du charme au parti d’Ilias El Omari et renouer avec son aversion pour les islamistes.

Néanmoins, pour rendre justice à ce militant socialiste de la première heure, il faut reconnaitre qu’il n’est pas seul dans ce cas. Le girouettisme est une idéologie bien partagée par les politiques marocains. Politiciens devrai-je dire, tant ils font dans la politicienne. Maintenant je n’ai peut-être rien compris à ce qui se passe sur la scène politique nationale. Peut-être qu’en fin de compte Driss Lachgar est en mission commandée en voulant entrer au gouvernement. Faire ce qu’il sait si bien faire : exploser et imploser les structures dans lesquelles il met les pieds. Faire de l’Exécutif ce qu’il a fait de l’USFP, une coquille vide. Pendant cinq mois on s’en est passé, alors pourquoi ne pas continuer.

 

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