La vie démocratique enrichie

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La FGD s’était tenu à l’écart de tous les arrangements politiciens, ils ne sont donc pas comptables du bilan politique de cette expérience 

Cette année, la Fédération de la gauche démocratique (FGD) est présente dans la majorité des circonscriptions. Des artistes, des écrivains, d’anciennes figures de l’extrême gauche ont annoncé, via les réseaux sociaux, leur soutien à ses listes. Cette alliance est composée de 3 partis : le PSU qui est lui-même une alliance de plusieurs courants, le PADS, Attaliaâ, issu d’une scission au sein de l’USFP, et le Congrès National Ittihadi, qui regroupe les anciens amis d’Amaoui ayant quitté le parti de la rose lors de son sixième congrès.

Le PSU et le PADS ont boycotté les élections de 2011, estimant les réformes politiques insuffisantes. Leur participation aujourd’hui est déjà un gain sur le chemin de la crédibilisation des institutions. Cette gauche «non gouvernementale», pourrait-on dire, et contestataire, est représentative de sensibilités sociales qui ont une existence réelle, en relation avec toute l’Histoire du Maroc indépendant. Il ne faut pas sous-estimer cet ancrage historique. Il est faux de qualifier la Fédération d’« extrême-gauche ». Elle respecte les institutions en voulant les améliorer et accepte l’économie de marché en proposant de limiter ses « ravages ». Elle est engagée dans la défense de l’intégrité territoriale et de la cohésion nationale.

Quel est donc son apport ? Ce sont des courants qui s’étaient tenus à l’écart, avaient même combattu tous les arrangements politiciens ayant abouti à l’alternance consensuelle et aux différents gouvernements qui l’ont suivie. Ils ne sont donc pas comptables du bilan politique de cette expérience. En même temps, n’ayant pas eu accès aux affaires, ils ont l’image de militants purs et durs, incorruptibles, sincères. Ils ont aussi pour eux leur indépendance absolue. Ils vont gêner l’autre gauche, l’USFP et le PPS, parce qu’enfermée dans une stratégie de la bipolarisation qui n’en fait qu’un supplétif, tout au plus, pour l’un des deux camps a priori dominants. 

Mais l’intérêt de cette présence ne concerne pas uniquement le camp de gauche. L’électorat potentiel de la Fédération des partis de gauche, ce sont les couches populaires et moyennes, avides d’avancées sociales et d’une démocratisation réelle. Ses listes ne prendront pas de voix aux partis considérés comme étant liés aux sphères influentes. Par contre, ses militants et leur programme constituent une véritable concurrence pour le PJD, aussi antinomique que soient leurs positions. L’honnêteté, l’indépendance, la défense des couches populaires sont des «slogans» partagés par les deux et qui ont l’air d’accrocher auprès de cet électorat urbain, alphabétisé, subissant les contraintes économiques.

C’est surtout un acquis pour la construction démocratique. Elle démontre qu’elle est capable d’accueillir toutes les sensibilités qui existent au niveau de la société. Ce sont les électeurs qui jugeront. Mais nous parions que les élus de cette gauche enrichiront les débats parlementaires et aideront, peut-être, à élever le niveau.