Istiqlal, le retour des familles

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Nizar Baraka a des qualités et un parcours professionnel très honorable. Mais contrairement à un Hjira ou à Abdelouahed El Fassi, son passé militant est très réduit

Hamid Chabat avait pris d'assaut la direction de l'Istiqlal grâce au syndicat, mais aussi en jouant sur l'envie des militants istiqlaliens de sortir du giron de la famille Fassi Fihri. Son élection apparaissait, pour certains, comme un moyen de renverser la table et de mettre fin à une forme de népotisme. Rappelons-nous qu'il avait en face le propre fils de Allal de Fassi, et que la “troisième voie” se nommait El Ouafa, gendre du même Zaïm.

Mais Chabat a réinstallé son propre népotisme et surtout s'est comporté comme un chef de gang, indigne de diriger le parti historique. Dès lors, avec un soutien affiché de l'environnement, la machine s'est mise en branle pour renverser Chabat.

Le nouveau leader sera Nizar Baraka, petit fils de Sidi Allal, époux de la fille de Abbas El Fassi. Même les statuts seront refaits pour lui permettre d'accéder à la tête du parti. La résistance de Chabat et les siens est pathétique, parce qu'il s'enfonce au lieu de se défendre et qu'il finira par partir humilié au lieu de négocier un gentleman agreement permettant de sauvegarder un de ses lieutenants.

Nizar Baraka a des qualités. Il a un parcours professionnel très honorable, ceux qui l'ont “pratiqué” lui trouvent une certaine aisance technique, il n'a jamais fait de vague. Mais contrairement à un Hjira ou à Abdelouahed El Fassi, son passé militant est très réduit. Il n'a fait aucune des organisations parallèle, ni la jeunesse scolaire, ni l'UGTM. Il ne s’est présenté à aucune élection. Ce n'est qu'en tant qu'”expert” qu'il était aux côtés de Abbas El Fassi qui l'a bombardé au comité exécutif. Quelles que soient ses qualités, il est là grâce à ses ascendants et à l'emprise de sa famille sur le parti, qu'il prend sans même livrer lui même la bataille.

C'est Ould Rachid qui va la livrer à sa place. Ce nouveau faiseur de Roi, dont l'emprise sur une partie de l'appareil ne peut qu'étonner, même si l'on sait qu'il est très riche et que c'est un atout dans une structure où toutes les pratiques ne sont pas transparentes, n'est pas contre l'esprit de famille. Il a déjà une prise de guerre importante. C'est son beau fils Miara élu à la tête de l'UGTM, le syndicat du parti. Difficile de croire que c'est un choix qui s'imposait pour les syndicalistes, alors que Miara n'était pas le plus en vue dans l'appareil. Ould Rachid sera l'homme fort aux côtés de Nizar Baraka. Chabat, par ses erreurs, aura rendu l'Istiqlal aux familles, de manière encore plus prégnante. Ce n'est pas un signe de modernité, mais un bégaiement de l'histoire.

 

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