Au-delà de la Com.

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Le modèle de développement que le Maroc doit produire ne peut être le produit d’un bureau d’études. Il doit sortir d’une interaction réelle entre le local et le central, dans le cadre d’une vision globale affichée, connue de tous. C’est le sens même de la régionalisation. Or celle-ci fonctionne très mal à l’évidence 

Le gouvernement El Othmani s’est déplacé en force à Jerada. Il est normal que l’exécutif se rapproche des populations, qu’il soit à leur écoute. Surtout après un mouvement de protestation qui s’inscrit dans la durée et dont les revendications sont à la fois claires et légitimes. Le drame de Jerada dure depuis un quart de siècle et la fermeture de la mine du charbon. La ville a perdu son unique employeur de taille, les autres activités ont rapidement décliné. Tout le monde savait qu’il fallait un mode de développement alternatif, mais rien n’a été fait dans ce sens. Au-delà du cas de Jerada, les villes périphériques souffrent de l’absence d’une vision. Il est incompréhensible qu’elles ne soient pas plus présentes dans les programmes gouvernementaux. Normalement, les autorités locales, les élus, les associations devraient faire un plaidoyer pour des projets structurants dans un fonctionnement fluide de l’appareil de l’État. Le Roi Mohammed VI a signifié, dans son discours devant le parlement, les limites du modèle de développement. Il nous faut collectivement en inventer un autre qui ne peut être qu’inclusif, avec une plus grande équité territoriale, dans le respect de l’environnement. Ce modèle à venir ne peut être le produit d’un bureau d’études. Il doit sortir d’une interaction réelle entre le local et le central, dans le cadre d’une vision globale affichée, connue de tous. C’est le sens même de la régionalisation. Or celle-ci fonctionne très mal à l’évidence. Les rapports entre les communes et les régions sont dépendantes des couleurs politiques. Les régions font leur plan de développement régional, les communes leur propre plan de développement, chacun dans son coin, sans la moindre concertation. Déperdition de temps, d’énergie, mais aussi un manque de résultats, faute de cohésion de l’ensemble. La situation des villes périphérique est un enjeu économique, social, mais aussi politique. Il est économique parce que leur développement dépend d’aménagement du territoire, levier essentiel de l’émergence. Il est social parce que c’est dans ces villes que la précarité est omniprésente. Il est enfin politique parce que les insatisfactions sont réelles et sapent le sentiment de citoyenneté. Le gouvernement actuel ne peut laisser de côté cet énorme chantier, parce qu’il est au centre du rôle de l’exécutif. Bien évidemment, il peut s’appuyer sur les travaux du Conseil économique, social et environnemental, mais aussi sur les remontées des préfectures, des provinces et des régions. Il est important que l’on puisse, rapidement, avoir une visibilité sur les projets concrets, le timing des réalisations, et que cela soit répercuté sur les populations. Enfin, les choix budgétaires doivent donner la priorité à la périphérie et en faire réellement l’objectif premier des politiques publiques. C’est cela qu’attendent les populations et non pas une simple visite d’un groupe de ministres, appelé à les calmer après une protestation ou un drame. C’est d’une véritable stratégie que le pays a besoin pour arriver à un développement intégré.

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