En toute sérénité…

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*Omar Dahbi, journaliste et chroniqueur, est notamment l?auteur de Maroc-Espagne : La guerre des ombres (2011) et D?cryptages ?(2015)

Si la premi?re id?e exprim?e par M. Bou?chrine ? savoir ne pas aller davantage vers l?escalade rel?ve de la libert? d?opinion, l?appel ? ne pas ex?cuter des instructions me para?t une aberration

Dans un ?ditorial intitul? ??en toute s?r?nit頻 publi? le 17 mars sur les colonnes de son journal, notre confr?re Taoufiq Bou?chrine a lanc? ??un appel au calme??. Il estime que, dans l?affaire ??Maroc contre Ban Ki-moon??, le communiqu? du gouvernement, la position du Parlement et la Marche nationale organis?e ? Rabat suffisent ? faire passer le message ? qui de droit et que toute escalade rel?verait de l?impulsivit? et serait une erreur. M. Bou?chrine va plus loin en appelant le ministre des affaires ?trang?res ? ne pas ex?cuter les instructions qu?il pourrait recevoir estimant que ??le bon serviteur est celui qui n?ex?cute pas toutes les instructions??.

Cela dit, si la premi?re id?e exprim?e par M. Bou?chrine ? savoir ne pas aller davantage vers l?escalade rel?ve de la libert? d?opinion et de la lecture personnelle que tout un chacun peut avoir d?un quelconque ?v?nement, l?appel ? ne pas ex?cuter des instructions me para?t une aberration. Le premier principe inali?nable dans toute guerre et la discipline des soldats quel que soit leur rang. Et aujourd?hui, qu?on veuille bien le reconna?tre ou pas, le Royaume est, d?une certaine fa?on, en guerre. Elle n?est pas militaire, certes, mais c?est une guerre. Et une guerre d?cisive. Appeler Salaheddine Mezouar, qui demeure un membre du gouvernement qui est ? la t?te d?un minist?re de souverainet?, ? ne pas ex?cuter les instructions de son chef qui est S.M. le Roi, en p?riode de conflit diplomatique ouvert sur une cause nationale vitale est une id?e qui d?note d?un manque de maturit? flagrant chez l??ditorialiste. Son dernier paragraphe, sa ??chute?? comme on dit dans notre jargon professionnel, s?est ?loign?e de son sens figur? pour coller fid?lement au sens propre du mot.

Maintenant, parlons avec une v?ritable ??s?r?nit頻 et essayons de comprendre ce qui se passe autour de nous dans cette affaire.

La na?vet? politique voudrait que l?on pense que le secr?taire g?n?ral de l?Onu a d?rap? de fa?on individuelle dans une affaire qui est examin?e par le Conseil de s?curit?. Il aurait ainsi agi de son propre gr? et tent? de donner un cours diff?rent au processus onusien. Penser ainsi conduirait ? la conclusion ? laquelle est parvenu notre confr?re M.?Bou?chrine ? savoir que notre probl?me est avec le SG et non pas avec l?ONU. ?

Mais les choses sont plus complexes et les d?cisions qui sont prises aujourd?hui sont li?es ? cette v?rit? plus complexe. Commen?ons par des v?rit?s ind?niables qui constituent le contexte dans lequel s?est produit le d?rapage de Ban Ki-moon. ?

Le Maroc est un pays exceptionnel dans la r?gion du Maghreb et du Moyen-Orient. Alors que d?autres pays sont en train de traverser des situations d?instabilit? politique, de graves difficult?s ?conomiques, de menaces s?curitaires ou m?me existentielles dans certains cas, le Maroc est le seul pays o? la question de l?existentialit? n?est pas pos?e. Le Maroc est uni, stable, et il avance sur son chemin sans se poser des questions d?identit? ou de coh?sion socio-politique. D?autres pays sont en train de s?effriter et vont directement vers un ?clatement g?n?rant plusieurs sous-entit?s qui attendront certainement des dizaines d?ann?es avant de se stabiliser. Le Maroc, lui, est fort par cette union ind?fectible qui d?passe, de mani?re exceptionnelle et impressionnante, tous les al?as ethniques, religieux, culturels ou autres. C?est cela la force du Maroc. Ce qui a permis de d?stabiliser les autres, ne marche pas chez nous malgr? toutes les tentatives adverses. La conflictualit? ethnique n?a pas march?. La conflictualit? socio?conomique non plus. Tenter de provoquer une confrontation politique entre le sommet et la base du peuple n?a pas fonctionn?. La derni?re tentative, et qui a bien march? dans d?autres pays arabes, a ?t? celle de pousser dans le sens d?un conflit entre une classe politique islamiste et une autre la?que. L? aussi, ceux qui pr?conisaient la naissance d?une fissure ont ?t? ?tonn?s de voir comment leur strat?gie s?est transform?e en source de force et de stabilit? au lieu de s??riger en point de rupture.

Sur le plan ?conomique, le Royaume a surpris par sa capacit? ? se transformer radicalement et en si peu de temps. En dix-sept ans, le Maroc est pass? du statut de pays au bord de l?arr?t cardiaque ? un pays qui constitue le moteur de toute une dynamique continentale de d?veloppement. Disons-le en toute clart??: la strat?gie de la coop?ration Sud-Sud n?est pas pour plaire ? tout le monde. Elle g?ne beaucoup. Elle g?ne nos adversaires, sans doute, mais elle g?ne aussi certains de nos amis et nos alli?s. Le positionnement du Maroc en tant que leader de cette dynamique dont l?aboutissement n?est autre que la lib?ration des ?nergies des populations africaines et, in fine, la lib?ration du pouvoir d?cisionnel africain dans tous les domaines g?ne beaucoup de monde. Il rel?ve de la na?vet? g?opolitique que de croire qu?une chose aussi simple comme la politique de d?veloppement de l?agriculture en Afrique gr?ce aux phosphates marocains pourrait passer inaper?ue. Etre autonome et auto-suffisant sur le plan agricole est un premier pas vers la souverainet? de la d?cision dans le continent. Les infrastructures qui se d?veloppement, les investisseurs qui viennent au Maroc dans l?a?ronautique comme dans l?automobile et bien d?autres secteurs font peur ? ceux qui voient leurs int?r?ts de plus en plus menac?s car leurs acquis sont d?stabilis?s et leurs projets ?branl?s. Un ?ditorialiste qui souffre de na?vet? g?opolitique latente dira que l?on s?accorde plus d?importance que l?on a et que ??le Maroc n?est qu?epsilon?? dans l??quation ?conomique mondiale. Aujourd?hui, on ne p?se pas tr?s fort dans l??quation, r?pondrais-je, mais j?ajouterai que ceux qui travaillent pour la convergence de l??quation ?conomique mondiale avec leurs int?r?ts imm?diats et futurs sont d?ores et d?j? conscients de ce que constitue cet ?lan Sud-Sud que l?on a tendance parfois ? voir de mani?re superficielle oubliant qu?il s?agit d?une vraie th?orie de d?veloppement pour l?Afrique et qui f?d?re aujourd?hui les ?nergies. Demain, dans plusieurs ann?es ou plusieurs d?cennies, les phosphates deviendront un besoin vital pour l?ensemble de l?humanit?. De l?avis des experts, ce n?est pas le p?trole qui fera les cartes g?opolitiques de demain mais ce sera cette denr?e qui permet ? une terre ?puis?e de recouvrer sa fertilit?.

Il existe, oui, et c?est certain, une volont? de freiner l??lan de notre pays et les b?n?ficiaires de cette volont? ? perturber notre marche sont l?gion. Mais, ce qui fait notre force et suscite les craintes de nos adversaires est notre sp?cificit? qui se r?sume en deux points.?D?abord, nous avons l?avantage d?avoir un leadership qui raisonne de la m?me fa?on que ceux qui font la destin?e de la plan?te ? savoir en ??mode long terme??. La politique men?e par le Souverain n?est pas limit?e ? un r?gne. Elle vise la p?rennit? de la nation et la pr?servation de son existence souveraine pour les g?n?rations futures. La deuxi?me sp?cificit? de notre pays est celle de ??l?union dans la diversit頻. Le Marocain, et le monde entier en est conscient aujourd?hui, ne s?alliera jamais avec une quelconque entit? contre son pays. Ceux qui ont tent? de surfer sur cette vague l?ont constat? par eux-m?mes. Pour l?histoire, et pour illustrer cela avec un exemple aussi concret que r?cent, l?alliance internationale des fr?res musulmans a fini par constater que la loyaut? de l?islamiste marocain va d?abord aux constantes de sa patrie. ??

Notre union est donc notre force. Et s?il y a quelque chose qui peut freiner toute tentative de nous d?stabiliser, c?est bien l?exhibition de cette union dans toutes ses facettes. Afficher une quelconque crainte au point d?appeler un membre du gouvernement ? ne pas ex?cuter des instructions en p?riode de guerre diplomatique c?est donc afficher une f?brilit? et un manque de confiance en soi-m?me et un manque de confiance dans la l?gitimit? de sa position.

En toute s?r?nit?, il faut continuer ? se battre pour d?fendre les acquis et ne pas laisser qui que ce soit ?branler sa foi dans son pays et la sagesse avec laquelle il est dirig?. ?L?avenir montrera que seuls les pers?v?rants finissent par gagner.