2017 : une mauvaise année pour la démocratie

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Dévaloriser toutes les institutions, démontrer que tous les pouvoirs sont concentrés que l’on peut imposer ce que l’on veut a été la ligne conductrice des décideurs. Analyse

On ne peut pas dire que la construction démocratique soit plus avancée en 2017. Pourtant cela aurait dû être le cas. Les élections d’octobre 2016 ont conforté la majorité sortante, en particulier le PJD, le taux de participation était respectable, les résultats indiscutables, sauf pour les listes nationales, qui ont joué un rôle de rééquilibrage.

Mais le blocage nous a fait perdre tous ces bénéfices. Il n’est pas question ici de refaire l’historique de cet évènement, mais juste de faire le constat de ses effets dévastateurs. En six mois, les partis politiques ont été enterrés. L’USFP est passé de l’alliance PJD – Ancienne Koutla, à l’arme fatale du RNI. C’est facile après de discourir sur la faillite des partis quand ceux-ci sont instrumentalisés de manière outrancière. Le PJD a été disloqué, malgré les dénégations, ceux qui ont abandonné Benkirane sont perçus comme des opportunistes, attachés aux Mercedes et aux millions. Ce n’est peut-être pas vrai, mais c’est fini. C’est leur géolocalisation politique finale. Est-ce que le Maroc y gagne ? Rien n’est moins sûr. On ne peut pas construire une démocratie en sapant l’autonomie des partis politiques par l’achat des élites. Ce n’est pas le seul drame de la construction démocratique. Nous n’avons plus de ministres de l’enseignement, de l’habitat, de la santé, de la formation professionnelle depuis des mois. Cela n’empêche pas le gouvernement d’adouber un projet sur la fin de la gratuité de l’enseignement. Qui va le porter devant le parlement ?

Parlons du parlement, l’USFP n’a plus de groupe et El Malki est président du parlement. C’est juste un scandale, mais cela est perçu comme très normal. Les marocains ont définitivement intégré le fait qu’ils ne sont pas en démocratie, que tout cela n’est que cosmétique, un jeu qui ne les concerne pas, c’est la pire des choses et c’est la réalité.

Ni le gouvernement, ni le parlement, n’intéressent les marocains. Mais comme disait Brel, on fait ce qu’on peut mais il y a la manière. On nous annonce officiellement que quelques ministres, le chef de division El Othmani et des gens de la cour des compte, vont nous préparer un nouveau projet pour les CRI. La cour des comptes devient de facto un pouvoir législatif. Son rôle c’est l’évaluation le contrôle pas l’impulsion législative. C’est une honte qu’aucun parlementaire ne s’élève contre cette violation de la constitution.

On a fait de Driss Jettou le maître d’école du chef du gouvernement, de la majorité issue des urnes. C’est une insulte à la démocratie. Même si, l’homme est très respectable et que son sens du devoir est avéré. Mais comme en 2002, on l’utilise pour assassiner la démocratie au nom de l’efficacité.

Dévaloriser toutes les institutions, démontrer que tous les pouvoirs sont concentrés que l’on peut imposer ce que l’on veut a été la ligne conductrice des décideurs. La constitution de 2011 est enterrée, dans sa lettre et son esprit. Ce n’est ni mal, ni bien. Après on fait quoi ? Comment répond-on à Jerada, aux besoins de la périphérie de plus en plus grandissante, aux angoisses sur l’avenir ? Décrédibiliser les institutions c’est préparer les jacqueries. Parce que je suis patriote, j’espère qu’ils reviendront à la raison, ou qu’ils sont d’une intelligence supérieure, impénétrable a celle d’un quidam moyen comme moi. L’histoire jugera

 

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