2017, une drôle d'année

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2017, une année aussi exaltante qu’exaspérante, aussi lassante que réjouissante. La force de l’exemple et l’épée de Damoclès. Des têtes sont tombées, d’autres ont été suspendues  et, semble-t-il, certaines sont dans l’antichambre du couperet

En dépit de sa morosité particulière, d’une certaine déprime qui s’est emparée de la population, 2017 restera comme une cuvée spéciale, voire par certains aspects un millésime. L’année s’est ouverte sur les retrouvailles du Maroc avec l’Union Africaine. L’évènement est en soi un triomphe ne serait-ce que parce qu’Alger et une poignée de ses alliés continentaux n’ont lésiné sur aucun moyen pour empêcher ce retour. Le propos du Roi Mohammed VI qui avait auparavant sillonné le continent apportait des arômes nouveaux au discours africain sur l’Afrique. Sa quintessence et sa sève ne furent pas tant dans ce que le Maroc a réalisé en 17 ans au plan bilatéral, mais dans sa teneur révolutionnaire qui invite au vrai affranchissement de l’Afrique, de ses citoyens et de sa génération de leaders décomplexés. 2017 aurait pu se refermer sur les mêmes saveurs si la Communauté Economique de l’Afrique de l’Ouest (CEDAO) avait été lors de son dernier sommet à Abuja (16 décembre) au bout de son accord de principe sur l’adhésion du Maroc. En raison de pressions et de manœuvres dont nul n’ignore les commanditaires, mais aussi pour des appréhensions économiques propres aux Etats de la CEDAO, compréhensibles par ailleurs, le sommet a préféré prendre son temps en mettant en place « un comité de chefs d’Etat » d’apparence équilibré, comprenant La Cote d’Ivoire, la Guinée, le Ghana et le Nigéria, pour « approfondir la réflexion ».  

Au niveau intérieur, on a eu une année aussi exaltante qu’exaspérante, aussi lassante que réjouissante. Le feuilleton de la constitution d’un nouveau gouvernement, hérité de l’année précédente, pièce d’Arlésiens dont tout le monde connaissait les tenants et les aboutissants, a amusé autant qu’agacé les Marocains. A peine les rideaux tombés que commençaient, au fait se poursuivaient de plus belle les troubles d’Al Hoceima qui vont mettre sous les projecteurs un illustre inconnu, Nasser Zafzafi. On a pu assister en direct et en temps réel à la naissance, si ce n’est d’un leader, d’une nouvelle figure de la scène politique nationale. Puis est venu le discours du Trône qui a dressé un tableau sombre de la situation au Maroc. Si c’est le Souverain en personne qui le dit, que restait-il à toutes les oppositions qui existent au Maroc à ajouter ?  Le discours à l’ouverture du parlement est venu, heureusement, démentir l’idée d’une simple triangulation. Il appuyait sur le principe de l’impérative réforme fut-ce au prix d’un séisme politique. Tout le dilemme et l’inconnue de l’équation de la réforme étaient dans comment réformer un pays qui en a grandement et  urgemment besoin avec les outils mêmes du pourrissement ? La réponse n’a pas attendu longtemps pour tomber : par la force de l’exemple et l’épée de Damoclès. Des têtes sont tombées, d’autres ont été suspendues  et, semble-t-il, certaines sont dans l’antichambre du couperet. Pendant ce temps le Maroc s’est qualifié pour la coupe du monde pour le compte de l’Afrique, le Wydad a été sacré champion des clubs champions du continent, il manquait, encore une fois, que la CEDAO pour que de ce côté-ci le tableau soit idyllique.

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