Pour un flirt

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J’ai lu l’interview que le ministre de la justice et membre de la direction du PJD, Mustapha Ramid, a donnée au quotidien Akhbar Al Youm (23/11/2016). Cinq ans de responsabilité gouvernementale ont appris au tonitruant islamiste à arrondir les angles, à glisser sa pensée en filigrane et à contourner les questions plus ou moins embarrassantes.

Par trois fois Mustapha Ramid a évité de répondre en déclarant : « il est inconvenable de dévoiler » ce qui s’est dit ici ou là. Ce qui, à défaut d’édifier, a le mérite d’être clair.

Tout aussi clair, son point de vue sur le recours à de nouvelles élections en cas d’échec de Abdalilah Benkirane à dégager une majorité et à former le gouvernement. Elles sont inutiles et ne changeront pas la donne a-t-il dit en substance. Il estime par ailleurs qu’il est prématuré de parler de blocage ou d’échec.

S’oppose-t-il ainsi à son secrétaire général qui lui, avant le scrutin, avait agité l’idée d’aller de nouveau aux urnes s’il se trouvait dans l’incapacité de former le gouvernement.

Ce qui fait que Mustapha Ramid parait si nuancé que l’intervieweur n’hésite pas à lui demander s’il n’a pas fait le chemin inverse de Benkirane en passant du camp des faucons à celui des colombes. Sa réplique ressemble à un haussement des épaules.

Mais il ne faut pas prendre tout ce qu’il dit pour de l’argent comptant. Sur l’alliance avec l’Istiqlal, il reste, du moins en apparence, ferme. C’est à ses yeux presque une sainte alliance. Il pousse sa conviction jusqu’à affirmer que la politique sans éthique est une barbarie et dans ce cas il vaudrait la laisser à ceux qui la pratiquent sans moralité.

C’est tout à son honneur de rester fidèle à la parole donnée en assurant qu’il est immoral de se retourner contre l’Istiqlal après qu’il ait soutenu le PJD et s’est engagé à ne pas comploter contre lui. Mais Ramid qui n’est ni candide ni atteint de candeur, sait qu’avec Hamid Chabat, que seul le dépit a poussé dans les bras du PJD, ce n’est qu’un flirt et qu’à la première occasion il le cocufiera.