Maroc-CEDAO : Une agressivité suspecte

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Jean Paul Dias est un homme politique à la carrière bien remplie. Il a un temps fricoté avec le PDS d’Abdoulaye Wade avant de créer son propre bloc de centristes. Il a été notamment ministre de l’intégration économique africaine et à ce titre il a présidé pendant un temps le conseil des ministres de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO)

M. Dias est connu au Sénégal pour être un éléphant dans un magasin de porcelaine et fort de cette vertu il a cru avoir un avis à donner sur la demande d’adhésion du Maroc à cette communauté. Il estime que la CEDAO « doit se donner le temps de l'examen et de la réflexion pour qu'"une fin de non recevoir" soit apportée à la demande du Maroc d'adhérer à ce groupement ».

Ce point de vue exprimé dans le journal sénégalais à faible tirage Le Témoin Quotidien avance que « le Maroc continue dans la recherche effrénée d'un plus grand espace vital » et s étonne « du mutisme de tous (presse, politiques, ONG, universitaires, entreprises...) au Sénégal comme dans la sous-région ». Il  s’interroge aussi « sur la pertinence » pour cette communauté de la démarche marocaine, « qui de toute évidence, écrit-il, ne va pas dans le sens [des] intérêts économiques » de la CEDAO.

Il estime par ailleurs que le Sénégal et les Etats membres de la CEDEAO n’a rien à gagner d’une adhésion du Maroc à la CEDEAO alors que celui-ci raflerait toute la mise. C’est une opinion que les économistes marocains pourraient comprendre et discuter dans la sérénité. D’ailleurs ce serait sans doute une bonne idée qu’un colloque réunisse des experts marocains à leurs homologues des pays membres de la CEDAO y compris Jean Paul Dias pour en débattre.

Ce qui est par contre incompréhensible c’est le ton agressif de M. Dias qui souligne, sans qu’on en voit la raison ou le lien, que «le Maroc n'a même pas attendu de chauffer son siège récupéré à l'UA qu'il s'empresse de lorgner sur la CEDEAO, en bombardant la sous-région de missions ministérielles porteuses de messages royaux, dans lesquels il nous rejoue le refrain du disque rayé des liens multiséculaires, historiques, humains, religieux...qui se sont renforcés au cours des dernières années à travers les 23 visites royales dans 11 pays de la région, même si, en permanence, les ressortissants CEDEAO sont violemment maltraités, ostracisés, discriminés sur son territoire ».

Tout le reste est de la même eau nourri de contrevérités qui lui permettent de comparer l’acceptation de l’adhésion du Maroc à l’entrée du « loup dans la bergerie ». D’où la question : Ce ton belliqueux est-il innocent ?