L’abstentionnisme comme lot de consolation

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Dans une démocratie normale, trois chefs de partis (au moins) auraient dû démissionner dès l’annonce, vendredi soir, des résultats des législatives d’octobre 2016. Hamid Chabat de l’Istiqlal, Driss Lachgar de l’USFP et Nabil Benabdallah du PPS. Non seulement parce que leurs scores ressemblent fort bien à une déroute, mais aussi et surtout parce qu’ils ont dilapidé un héritage et un capital historiques.

Ces vieux partis, issus du mouvement national, avec un bémol pour le PPS qui vient de la tradition communiste et syndicale française, ne se sont pas bonifié avec l’âge et ont donc mal vieilli. Ils n’ont su ni renouveler leurs idées, ni rénover leur structures ni faire évoluer leurs techniques et leur fonctionnement.

Mais on n’est pas en démocratie normale. Nous sommes une démocratie en construction. Seulement peut-on atteindre cette démocratie normale avec le parti arrivé en tête, le PJD, dont l’idéologie est par essence liberticide dont témoignent par ailleurs leurs comportements et leur discours absolutistes ? J’espère, si on arrive à les cantonner, mais ce matin, j’ai de plus en plus de mal à y croire.

Avec le PAM qui s’avère la deuxième force politique, il y a de la marge. Il arrive, avec 25,82% des sièges, juste derrière le PJD (31,65%). Il faudra du temps pour que l’incompatibilité entre les deux formations s’estompe et, comme me l’a fait remarquer un observateur averti, que le parti d’Ilyas El Omari tienne encore cinq ans dans l’opposition. Le temps nous le dira, en attendant la bipolarisation du pays s’affirme.

Dans l’immédiat, la constitution d’une majorité préoccupe plus que l’avenir du PAM. Arithmétiquement c’est choses aisée : PJD + Istiqlal + MP la donnerait pile poile. Avec les douze élus du PPS dont la survie dépend désormais des islamistes, il y a du confort.

On peut multiplier les combinaisons, mais politiquement l’opération peut se révéler plus compliquée. Le chef de file du PJD, de plus en plus dans l’habit de zaïm, en est conscient. Il y a fait allusion pendant la campagne électorale en demandant aux électeurs de lui donner la majorité car au cas où il serait dans l’incapacité de former un gouvernement, le Maroc irait vers de nouvelles élections.

C’est dire que les jours qui viennent ne manqueront pas de piment.

Enfin, tout un chacun aura remarqué que 57% des inscrits ne se sont pas donné la peine de se déplacer pour apporter leurs voix à un parti, y compris le PJD. C’est maigre comme lot de consolation, mais on va s’en contenter.