Le service militaire, le doigt sur la gâchette

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A peine le projet de loi sur le service militaire adopté en conseil des ministres qu’une association, le doigt sur la gâchette, sort des tranchées pour s’y opposer. On pourrait y voir une réaction saine d’un corps qui développe ses anticorps pour que le militarisme ne l’emporte pas.

Sous une forme ou une autre, les opposants à l’enrôlement militaire ont existé depuis toujours, et sous l’appellation d’objecteurs de conscience depuis le 20ème siècle. Ils ont surtout prospéré, aux Etats Unis d’Amérique notamment, pendant la guerre du Vietnam et ses horribles massacres.

Ils se présentent généralement comme des pacifistes et des antimilitaristes que les guerres répugnent. Leurs motivations sont généralement d’ordre philosophique, mais à l’occasion les objecteurs de conscience peuvent être politiquement manipulés par des oppositions internes ou des ennemis extérieurs.

L’association qui vient de se déclarer au Maroc ne s’inscrit pas dans le registre des idéaux pacifistes, mais prend pied directement dans l’espace politique en opposant le service militaire aux besoins socio-économiques du Maroc.

Le crédo, certainement appréhendé comme racoleur, et des plus galvaudés : Il vaudrait mieux réserver le budget du service militaire à la construction, par exemple, des écoles qu’à alimenter les ressorts belliqueux de la société. Sans se rendre compte qu’avec pareilles logiques on pourrait tout aussi bien demander la dissolution de l’armée.

Les « objecteurs de conscience » locaux avancent également que le service militaire ne serait d’aucune utilité à l’intégration et à la réorientation d’une partie de la jeunesse ciblée, qui serait par définition violente et socialement en rupture de ban, vers plus de civisme et de patriotisme.

Ces postures qui s’autorisent la revendication d’une meilleure connaissance des intérêts du pays révèlent une réelle et profonde ignorance des rôles et des missions de l’armée qui ne se limitent pas à la défense des frontières. Les réseaux dits sociaux en témoignent

Rien qu’à entendre les calamités que véhiculent certains jeunes sur le service militaire sur ces réseaux, renforce l’urgence de mettre en œuvre intensivement cette obligation nationale.  

L’analyse ou l’exposition de la fonction centrale de l’armée dans l’existence et l’évolution d’une société, dont elle est l’enfant et le reflet, parfois malheureusement le pervertisseur,  est à l’évidence complexe et extrêmement sensible.

Le truisme qu’il faut retenir néanmoins, en espérant un éventuel débat, c’est que son existence demeure vitale. Par définition silencieuse et discrète, sauf dans les dictatures militaires, elle gagnerait au Maroc à s’ouvrir beaucoup plus sur son environnement.

Le service militaire est l’une de ces ouvertures susceptibles de permettre aux Marocains de l’intégrer dans leur vécu pour bien saisir que dans une société politiquement saine, culturellement vigoureuse, socialement stable, le civile et le militaire sont en sursis l’un de l’autre, le civile un potentiel militaire en devenir, le militaire un ex-civile et un civile en perspective.