Le martyre de Benkirane

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A Agadir, devant la jeunesse de son parti, on ne peut pas dire que celui qui est encore chef de gouvernement est allé avec le dos de la cuillère. Depuis qu’il a crevé l’écran, on s’est habitué à ses fanfaronnades et à ses sorties parfois drôles, d’autres beaucoup moins.

En politique, je ne suis pas adepte du discours plat et aseptisé qui ennuie les sales et endort les ménagères dans leurs chaumières. Mon penchant naturel me porte sur les aspérités et les reliefs, et en journaliste j’adore tout ce qui fait du bruit.

Mais à Agadir, Abdalilah Benkirane a crevé le mur du son. On croirait Tarik Ibn Ziad à l’instant de brûler tous ses vaisseaux.

Ce qu’il a dit ? En substance : Rien ni personne ne lui fait peur, il ne craint pas la mort et est prêt au martyr. C’est pour ça qu’il a toujours des gardes du corps avec lui, mais ça c’est moi qui le dis. Lui, en s’apprêtant à prendre le chemin des bûchers ou la route des oubliettes, il repose tout son référentiel sur le littéraliste Ibn Taymiyya, lui au moins un vrai habitué des prisons, mais qui a figé l’Islam au VIIIème siècle de l’hégire où il y est encore.

Que le chef de file du PJD soit pris par une subite envie pour le martyr, il n’y a pas de mal. Ça fera toujours pour la Terre une bouche de moins à nourrir. Mais une question me turlupine : Pourquoi, lui, qui est sur la scène politique depuis les années soixante-dix, n’a pas tenu ce discours quand les opposants disparaissaient encore vraiment, mourraient encore réellement, ou, pour les plus chanceux allaient effectivement pour des années en prison ?