Le jour d’après

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La Tunisie essaye de renvoyer une image sereine au lendemain du d?c?s de son pr?sident, Beji Ca?d Essebsi. Mais on sent les Tunisiens les plus lucides quelque peu f?briles et gagn?s par les interrogations.??

Premier pr?sident tunisien ?lu au suffrage universel, il est apparu, apr?s la parenth?se de Moncef Marzouki, comme l?homme ? m?me de ramener les Tunisiens de la ??r?volution du jasmin?? vers leur havre.

Militant de la premi?re heure, il est sensible ? la chose politique d?s son tr?s jeune ?ge (10 ans), marqu? qu?il fut par la r?volte de Tunis contre le colonialisme fran?ais qui a culmin? le 9 avril 1938, faisant officiellement 22 morts et 150 bless?s. Depuis, sa personnalit? et sa conscience politiques se sont forg?es au contact de Habib Bourguiba et du militantisme au sein du Destour qui le conduira ? une brillante carri?re gouvernementale.?

Tout au long de ce parcours, il alternera bonnes gr?ces et disgr?ces qui feront de lui une personnalit? atypique au sein de la nomenklatura destourienne sous Bourguiba, mais surtout durant le r?gne autocratique de Zine el-Abidine Ben Ali. Si bien que quand survient la ??r?volution du jasmin??, il entreprend le plus naturellement du monde de guider son pays dans la tourmente d?une transition d?autant plus incertaine que c?est toute la sph?re g?opolitique et culturelle de la Tunisie qui ?tait en ?bullition, livr?e aux ambitions islamistes d?en prendre le contr?le.?

Sans doute le pragmatisme des islamistes d?Annahda, sans doute aussi le chaos du tr?s proche voisin libyen, la reprise en main de l?Egypte par les militaires ou encore une voisine alg?rienne intransigeante avec les islamistes, l?ont-ils aid? dans son entreprise. La culture de pond?ration de la majorit? des Tunisiens n?est pas, non plus, ?trang?re ? l??volution presque pacifique de la Tunisie. Mais c?est surtout sa propre aptitude ? rassembler derri?re une appellation bien inspir?e, Nida?e Tounes, tout ce que le pays compte comme r?fractaires au pass?isme et ? l?obscurantisme qui lui a permis de mener une des moins troubl?es, ? d?faut d??tre des plus belles, transition de ce que l?on a appel? abusivement le printemps arabe.?

Au cr?puscule de sa vie, comme si son long parcours n?a ?t? qu?un apprentissage en perspective de cette mission, sa destin?e l?a plac? ? la t?te de son peuple pour tenter de le r?concilier avec lui-m?me? dans un des moments les plus critiques de son histoire.??

C?est ? cet homme que la Tunisie, et avec elle nous tous, disons nos adieux ce samedi.

Au pays du Jasmin, les raisons de la discorde ne manquent pas et la transition ? laquelle a pr?sid? Beji Ca?d Essebsi n?a pas ?t? qu?un long fleuve tranquille. Tout ce qu?il faut esp?rer, c?est que les Tunisiens n?aient pas ? v?rifier ce que leur rassemblement derri?re lui leur a ainsi ?pargn?.

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