La misère de la gauche marocaine

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Je ne sais pas s’il est marxiste, mais il se revendique de la gauche, l’une, en  théorie, des moins accommodantes. Ali Boutouala était jusque-là secrétaire général du Parti de l’avant-garde Socialiste (PAGS). Jusque-là, jusqu’à ce qu’ils décident, son épouse et lui, de se rendre à la Mecque pour accomplir le devoir de pèlerinage.

Ses camarades, au sens où les vieux briscards du communisme l’entendent, s’en sont offusqués, y voyant une trahison aux grands principes et valeurs de ce profil de gauche qu’ils représentent, une relique de mixture marxo-baathiste. Ça existe encore.

Pour couper court à toute polémique, Ali Boutaouala a démissionné de toutes ses responsabilités au sein de cette micro formation sortie il y a belle lurette de la matrice de l’USFP aux temps de sa gloire, quand le grand Abderrahim Bouabid, décédé avant que le ridicule ne tue son parti, présidait encore à ses destinées.

Ali Boutouala tente de faire comprendre à ses amis, même si avec des amis pareils on préférerait encore avoir affaire à ses ennemis, que la laïcité n’est pas athéisme, les héritiers d’Ahmed Benjeloun refusent de l’entendre de cette oreille sans soupçonner un seul instant qu’ils en font la même lecture que les islamistes.

Ali Boutouala, toujours lui, de bonne foi, aussi bien sincère que croyant, a beau expliquer aux diplodocus du PAGS que le pèlerinage, une affaire personnelle et d’intime croyance, et l’appartenance à la gauche n’étaient pas antinomiques, rien n’y fait. Il a trahi la laïcité revisitée par les pagsistes et mérite le purgatoire tel que mis en œuvre par les commandements staliniens : Culpabilisation, autocritique, aveux, procès. Une Chance pour qu’au Maroc il n’y a pas de Sibérie et que Tazmamart a fermé ses portes depuis longtemps.