Benkirane et le Makhzen

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Le Mouvement Unicité et Réforme (MUR) qu’on a longtemps identifié à Ahmed Rissouni teinté d’une nette confusion avec Abdalilah Benkirane, a tenu le weekend dernier son congrès non sans grandes surprises.  

Ce qu’il faut en conclure, ce qui est une part de la vérité, que ces gens du MUR n’ont aucune sacralité : Ils ont balayé de leur  direction leurs historiques, Ahmed Rissouni et Mohamed Hamdaoui, et infligé un revers sans précédent à celui qui était devenu leur figure de proue, Abdalilah Benkirane.

Qui peut dire aujourd’hui que c’est le Makhzen, ses afarites et ses crocodiles, qui ont manœuvré pour qu’il arrive dernier de la classe, cinquième sur cinq candidats à la présidence du MUR, 110 voix sur 1432 qui l’ont éliminé, sans états d’âme, dès le premier tour ? Personne.

La mécanique froide qui l’a écarté de la tête du PJD alors que l’ancien et populaire chef du gouvernement était au faîte de sa popularité et de sa gloire, l’a implacablement broyé au MUR.

Abdalilah Benkiarne doit en concevoir énormément d’amertume. On le comprend. Il ne doit toutefois s’en prendre qu’à lui-même. D’avoir mené son parti et son mouvement à la tête des forces politiques marocaines parlementaires, l’a grisé de la même manière que ses résultats aux législatives lui ont fait perdre le nord en le menant à croire qu’il était désormais l’unique puissance politique face au pouvoir.

L’encensement populaire aidant, il a doublement perdu le sens des réalités. Aussi bien à l’échelle nationale qu’au sein de sa mouvance. Sa mauvaise appréciation des forces en présence a fini par le perdre sans que ceux qui ont soutenu ou soutiennent encore son intransigeance ne lui soient d’aucun secours et d’aucune utilité.

Mais ce n’est fort probablement que partie remise. La fin d’une mi-temps et non pas d’un match. Abdalilah Benkirane fort d’une réelle sympathie d’une frange importante de l’opinion publique n’a pas dit son dernier mot et à la première occasion il est susceptible de rebondir.

De son bras de fer avec le pouvoir, certains hommes de ce dernier ne sont pas, non plus, sortis intacts. Des maladresses, appelons-les ainsi par magnanimité, ont écorné sérieusement son image. La nécessité de l’ordre et de force doit rester à la loi, a été souvent interprété par des exécutants comme une autorisation à un retour en arrière dans l’application des textes et la gestion de la chose publique.

Si bien que les Marocains ont commencé à percevoir l’émergence  d’un Maroc nouveau comme une promesse sans conséquence offrant ainsi aux marchands d’illusions et aux ennemis du Royaume du grain à moudre.